MYSTÈRE

MYSTÈRE
MYSTÈRE

Parler du mystère, c’est le profaner, autrement dit, le détruire. Aussi bien, la règle fondamentale des anciennes religions à mystères, qui ont fleuri dans le monde méditerranéen, était-elle le silence: les initiés l’ont bien gardé. Seuls quelques renseignements, fragmentaires et elliptiques, nous ont été transmis par les écrivains grecs (Lucien, Plutarque) ou latins (Juvénal, Apulée), ainsi que par les Pères de l’Église (Justin, Clément d’Alexandrie, Tertullien). Les historiens modernes considèrent généralement que les religions à mystères s’enracinent dans les vieux cultes de la fécondité. Les divinités qui y étaient vénérées se présentaient par couples: une déesse mère (Déméter, Aphrodite, Cybèle, Isis) accompagnée d’un héros ou demi-dieu qui pouvait être son fils (sa fille dans le cas de Déméter), son époux ou son amant. Le héros meurt et ressuscite, symbole de la végétation qui disparaît et reparaît tour à tour suivant le rythme des saisons.

Au temps où le christianisme fait son apparition, les religions à mystères, qu’elles soient d’origine grecque (mystères d’Éleusis, mystères de Samothrace, mystères de Dionysos, mystères orphiques) ou d’origine orientale (mystères d’Adonis, d’Attis et de Cybèle, d’Isis et d’Osiris, de Mithra) ont de nombreux adeptes. Les âmes mystiques trouvent là ce que les religions officielles ne peuvent leur donner. Il est incontestable, d’ailleurs, que certains aspects du christianisme primitif évoquent le langage et les pratiques des religions à mystères. Il faut se garder, toutefois, de rapprochements faciles: les mêmes mots, les mêmes rites peuvent recouvrir des attitudes spirituelles différentes. C’est le cas du mot «mystère» lui-même, commun aux religions à mystères et aux auteurs chrétiens, mais qui désigne, ici et là, des réalités hétérogènes.

Le «mysterion» chez saint Paul et les Pères grecs

Avant la naissance du christianisme, le mot «mystère» (en grec, mysterion ) apparaît dans quelques livres tardifs de l’Ancien Testament, en particulier le livre de Daniel (II, 18, 27-28, 47). Son équivalent hébreu (sôd ) se rencontre dans les textes de Qumrân; il y est question du «mystère à venir» qui déterminera, «au jour de la Visite», le sort des justes et des pécheurs; le «docteur de justice» a reçu de Dieu la connaissance de tous les mystères contenus dans les prophètes; mais «les derniers temps seront plus longs que tout ce qu’ont prédit les prophètes, car les mystères de Dieu sont merveilleux». Ces textes du judaïsme tardif annoncent, en quelque sorte, la notion de mysterion qu’on trouve dans les épîtres de saint Paul. Dans le langage paulinien, «mystère» désigne le dessein rédempteur, conçu par la sagesse du Père, de «tout rassembler dans le Christ» (Éph., I, 9-10). Le mystère, selon Paul de Tarse, englobe donc toute l’histoire du salut: la venue du Christ sur terre, sa mort et sa résurrection, sa croissance dans l’Église qui est son corps mystique, son retour (parousie) à la fin des temps. C’est surtout dans les lettres adressées aux communautés qui baignaient dans une ambiance gnostique (Corinthe, Colosses, Éphèse) que Paul parle du mystère: I Cor., II, 7; IV, 1; Coloss., I, 26; II, 2; Éph., I, 9; III, 3-10; V, 32; VI, 19, etc. L’évangile de Jean ignore le mot mystère, mais non les synoptiques: «À vous il est donné de connaître les mystères du Royaume des cieux» (Matth., XIII, 11; Marc, IV, 11). Comme plusieurs autres mots clefs du langage théologique – «allégorie», par exemple –, le terme de mystère a pour ainsi dire été baptisé par saint Paul, et s’est imposé par là aux auteurs chrétiens.

Chez les Pères grecs, le mysterion désigne, d’une part, les rites sacramentels du culte chrétien, tels que le baptême et l’eucharistie, d’autre part, les sens spirituels cachés sous la lettre des textes sacrés.

Le premier sens de «mystère» a presque entièrement disparu des langues occidentales qui, pour le vocabulaire théologique, sont tributaires du latin. Le grec mysterion a été traduit, très tôt, en latin chrétien par sacramentum , mot qui désignait le serment, en particulier le serment militaire. Nous appelons donc «sacrements» ce que les Pères grecs appellent «mystères». Ce premier sens a pourtant survécu ici ou là. Au temps de Bossuet, et même après, on dit volontiers «les mystères» ou «les saints mystères» pour parler du sacrement de l’eucharistie (messe).

Le deuxième sens du mot «mystère» peut paraître assez étranger au premier. En fait, il existe un étroit rapport entre les deux. Dans l’un comme dans l’autre cas, le «mystère» comporte un double élément: l’un visible (rite sacramentel, événement rapporté par le texte biblique), l’autre invisible (grâce conférée par le rite, sens spirituel caché sous la lettre de l’Écriture). Ce sens est très fréquent chez Origène (IIIe s.), qui, dans ses Homélies sur la Genèse , se propose de découvrir à ses auditeurs les «mystères et allégories de la Loi» (X, I). Or, découvrir les mystères, c’est montrer que, sous l’apparente simplicité de la lettre, se cache un foisonnement de sens spirituels. À ce niveau de la réflexion chrétienne, le terme, on le voit, a une signification bien différente de celle qu’on lui donne couramment aujourd’hui. Le christianisme primitif n’a pas honte de ses mystères; il n’a pas à les défendre contre les attaques des «rationalistes». Bien au contraire, en cette ville d’Alexandrie, accueillante à toutes les religions et à toutes les philosophies, Origène ne peut que se réjouir de trouver des mystères dans les Écritures chrétiennes, de découvrir, à chaque page de la Bible, «le vaste océan des mystères» (IX, I). Cette acception du mot va se conserver longtemps en Occident, grâce notamment aux œuvres d’Origène qu’on pourra lire dans les traductions latines de Rufin. Ainsi, au XIIe siècle, l’abbé Isaac de l’Étoile confiera à ses moines: «Pour moi, je l’avoue, ce sont partout les mystères qui me plaisent le plus.» (Patrologie latine , J.-P. Migne éd., t. CXCIV, col. 1729 D.)

Les théologiens modernes

Au cours des siècles, la notion a pris, comme on peut s’y attendre, des significations diverses. Au XVe siècle, par exemple, on appelle «mystère» – sans doute par confusion de mysterium et ministerium – une composition dramatique sur un sujet religieux: telle la Passion d’Arnoul Gréban. Au XVIIe siècle, le cardinal de Bérulle et l’école française de spiritualité insufflent au mot une vie nouvelle, en mettant au centre de leurs préoccupations la contemplation des «mystères du Fils de Dieu». Les événements de la vie terrestre du Christ sont considérés non comme des faits fugitifs, mais comme des états qui demeurent: Bérulle parle de la «perpétuité des mystères». C’est dans cette perspective qu’il faut lire les Élévations sur les mystères de Bossuet. Enfin, les «mystères du rosaire» (joyeux, douloureux, glorieux) sont une méditation (destinée à accompagner la récitation du chapelet) sur les différentes étapes de la vie du Christ.

Pour les modernes, les mystères sont des «dogmes révélés, que le fidèle doit croire, mais qu’il ne peut comprendre» (A. Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie ). Si élémentaire soit-elle, une telle définition n’est pas en désaccord avec l’enseignement que les théologiens catholiques dispensaient en la première moitié du XXe siècle. Selon le Dictionnaire de théologie catholique , en effet, trois propriétés essentielles doivent être attribuées aux mystères: les mystères sont des «vérités proportionnées à l’intelligence divine, infiniment supérieure à toute intelligence créée, humaine et même angélique»; ce sont des «vérités dont la connaissance ne peut dès lors nous parvenir que par voie de révélation »; ce sont des «vérités qui, même connues par voie de révélation divine, demeurent couvertes du voile sacré de la foi et enveloppées d’un obscur nuage». Les principaux mystères imposés à la foi sont: la Trinité, l’Incarnation, la Rédemption. Une telle notion du mystère dictait une double tâche aux théologiens chrétiens: d’une part, sauvegarder l’existence de mystères proprement dits et, d’autre part, mettre en évidence que les mystères ne contredisent pas la raison. Assurément, il n’est pas toujours aisé d’assurer cette double tâche, ce qui revient à cheminer sur une étroite crête entre deux précipices: celui du rationalisme et celui du fidéisme. Le premier Concile du Vatican donnait à ce sujet des directives judicieuses, qui furent peu suivies: «Lorsque la raison, éclairée par la foi, cherche avec soin, piété et modération, elle arrive, par le don de Dieu, à une certaine intelligence des mystères...» Maurice Blondel devait souligner l’intérêt de ce texte conciliaire (cf. A. Lalande, Vocabulaire... de la philosophie ). Le Concile invitait donc à la «mystagogie», c’est-à-dire à une pénétration, par le dedans, des mystères de la foi. En fait, les théologiens se sont plus volontiers adonnés à l’apologétique, c’est-à-dire à la défense des mystères contre les attaques du dehors. Certains d’entre eux l’ont fait avec une naïveté touchante. C’était là, d’ailleurs, une vieille tradition scolastique, que le cartésianisme n’avait nullement ébranlée, comme en témoigne cette lettre que le père Vatier, jésuite, adressait à Descartes: «Je ne sçaurois m’empêcher de vous confesser que, suivant vos principes, vous expliquez fort clairement le mystère du saint Sacrement de l’Autel, sans aucune entité d’accidents.»

La réhabilitation philosophique et liturgique du mystère

Cependant, plusieurs tentatives ont été faites pour redonner au terme la plénitude de sens que des siècles de scolastique lui avaient fait perdre, et pour le revivifier au contact des sources bibliques et patristiques. La première tentative est née chez les philosophes. On peut en déceler l’amorce chez Pascal. La transmission du péché originel, qui est, selon lui, «le mystère le plus éloigné de notre connaissance, est une chose sans laquelle nous ne pouvons avoir aucune connaissance de nous-mêmes». La situation se trouve ici renversée au profit du mystère: le mystère devient, chez Pascal, le tremplin d’où la pensée prend son essor: «Certainement, rien ne nous heurte plus rudement que cette doctrine; et cependant, sans ce mystère, le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes. Le nœud de notre condition prend ses replis et ses tours dans cet abîme; de sorte que l’homme est plus inconcevable sans ce mystère que ce mystère n’est inconcevable à l’homme.» (Pensées , éd. Brunschvicg, no 434.)

L’un des essais les plus intéressants pour repenser l’idée de mystère a été, à l’époque contemporaine, celui de Gabriel Marcel dans Position et approches concrètes du mystère ontologique (1933). Gabriel Marcel reproche aux philosophes d’avoir abandonné le «mystère» aux théologiens d’une part, aux vulgarisateurs de l’autre. (Récupérer au profit de la philosophie la notion de mystère est une entreprise qui peut se recommander de Platon: ce dernier a inséré dans ses dialogues maints éléments empruntés aux religions à mystères.) G. Marcel situe la notion de mystère par rapport à celle de problème, tout en sachant qu’on ne peut espérer tracer, entre les deux, une ligne de démarcation rigoureuse: «Un mystère, c’est un problème qui empiète sur ses propres données, qui les envahit et se dépasse par là même comme simple problème.» G. Marcel fait porter sa réflexion sur le mystère de l’union de l’âme et du corps, le mystère du connaître, de l’espérance (dont Péguy, en poète, avait si éloquemment parlé), le mystère de l’amour, de la présence, de l’être. «Quand je dis qu’un être m’est donné comme présence ou comme être (cela revient au même, car il n’est pas un être pour moi s’il n’est une présence), cela signifie que je ne peux pas le traiter comme s’il était simplement posé devant moi; entre lui et moi se noue une relation qui, en un certain sens, déborde la conscience que je suis susceptible d’en prendre; il n’est plus seulement devant moi, il est aussi en moi; ou plus exactement, ces catégories sont surmontées, elles n’ont plus de sens.» Cette réhabilitation du mystère sur le plan philosophique invitait à une réhabilitation sur le plan théologique. C’est dans ce sens que s’orientait Simone Weil: «On dégrade les mystères de la foi en en faisant un objet d’affirmation ou de négation, alors qu’ils doivent être un objet de contemplation.» (La Pesanteur et la grâce , 1947.)

Une autre tentative pour redonner au mot «mystère» la chaleur et la vie vient d’un tout autre horizon. Un bénédictin allemand de Maria-Laach, dom Odon Casel (1886-1948), a défendu toute sa vie la conception «mystérique» du culte chrétien. En réaction contre le rationalisme théologique, dom Casel s’est fait l’apôtre du «retour au mystère», ce dernier étant conçu non plus comme une donnée dogmatique «que nous devons croire, quoique nous ne puissions pas la comprendre», mais comme une réalité vécue au sein de la communauté ecclésiale et de sa liturgie. Tout en déclarant le mystère chrétien irréductible aux mystères païens, dom Casel se plaît à souligner les points de contact: «Avec le temps – comme chaque page du missel romain en témoigne –, la langue des mystères est devenue si bien la propriété de l’Église qu’on en arrive à ne plus même se souvenir de l’origine païenne de cette terminologie» (Das christliche Kultmysterium ). C’était revenir aux sources du mystère chrétien: tentative généreuse, que l’orientation actuelle du mouvement liturgique semble bien avoir compromise.

En définitive, le mystère est une réalité paradoxale. On ne peut en parler qu’en l’arrachant au sanctuaire et en le produisant au grand jour, ce qui est le profaner, donc le nier comme mystère. Laisser ou réintroduire le mystère dans le sanctuaire, c’est préserver son essence même, mais c’est l’éloigner d’autant du domaine que contrôle la raison pure.

mystère [ mistɛr ] n. m.
mistere XIIe; lat. mysterium, gr. mustêrion, de mustês « initié » → métier
IDidact. Rite, culte, savoir réservé à des initiés.
1Antiq. Culte religieux secret, auquel n'étaient admis que des initiés. ésotérisme. Religions à mystères. Admission aux mystères. initiation, mystagogie. Mystères grecs (mystères orphiques, mystères d'Éleusis), orientaux (mystères mithriaques, mystères d'Isis, de Cybèle).
2Relig. chrét. Dogme révélé, inaccessible à la raison. Le mystère de la Trinité, de l'Incarnation, de la Rédemption. Le dessein conçu par Dieu de sauver l'homme, d'abord caché, puis révélé en la personne du Christ; les sacrements, considérés en tant que signes de ce dessein. « Le mystère de Jésus » (Pascal), de l'Eucharistie.
IICour. Chose cachée, secrète.
1Ce qui est (ou est cru) inaccessible à la raison humaine. Le mystère de la nature, de la vie. « Je vais dévoiler tous les mystères : mystères religieux ou naturels, mort, naissance, avenir, passé, cosmogonie, néant » (Rimbaud).
Caractère mystérieux et plus ou moins sacré d'un lieu. « Des lieux baignés de mystère » (Barrès).
2Ce qui est inconnu, caché (mais qui peut être connu d'une ou de plusieurs personnes). 2. secret. Cela cache, couvre un mystère. Il y a un mystère là-dessous. Les mystères de la politique, de la science. arcanes. Loc. Ce n'est un mystère pour personne : c'est de notoriété publique.
Chose étonnante, difficile à comprendre, à expliquer. Comment est-il au courant, c'est un mystère. « Ce vieillard muet fut un mystère pour le peintre » (Balzac).
3Ce qui a un caractère incompréhensible, très obscur. obscurité, 2. secret. Aimer le mystère. Trouver du mystère à tout. Cette affaire n'a pas de mystère pour lui.
4Obscurité volontaire dont on entoure qqch.; ensemble des précautions que l'on prend pour rendre incompréhensible, pour cacher. S'envelopper, s'entourer de mystère. Il prit « un air de grand mystère, agita l'index, et demanda à tous le secret » (Aragon). Loc. plais. Mystère et boule de gomme ! on n'en sait rien. — Loc. Faire (un) mystère, faire grand mystère de qqch., refuser d'en parler, l'évoquer avec précautions. ⇒ 1. cacher. « Il faisait, à propos de tout, des cachotteries et des mystères » (R. Rolland). Inutile de faire des mystères, je suis au courant.
5Question difficile; problème ardu. énigme. Le mystère s'épaissit. Éclaircir un mystère. La clé du mystère.
6(nom déposé) Dessert glacé à base de meringue et de glace enrobée d'amandes pilées. Mystère à la vanille.
7Avion de combat supersonique français. Le Mystère 20.
III(XVe; par confus. avec ministerium) Littér. Au Moyen Âge, Genre théâtral qui mettait en scène des sujets religieux. miracle; diablerie. Représentation d'un mystère. « Le Mystère de la Passion », d'Arnoul Gréban. ⊗ CONTR. Clarté, évidence; connaissance.

mystère nom masculin (latin mysterium, du grec mustêrion, de mustês, initié) Ce qui est inaccessible à la raison humaine, ce qui est de l'ordre du surnaturel, ce qui est obscur, caché, inconnu, incompréhensible : Le mystère de la création. La lande bretonne baignée de mystère. Cet homme est un mystère. Événement inexplicable, aventure énigmatique : La clé du mystère. Chose inconnue ou qui n'est accessible qu'à des initiés : Ce sont là les mystères de la politique. Silence, obscurité volontaire faits sur quelqu'un, en particulier sur sa vie : S'entourer de mystère. Précaution prise pour cacher quelque chose : Faire des mystères. Antiquité Rite religieux, souvent purificatoire, magique, lié au culte de certaines divinités et dont les initiés juraient de ne rien révéler. (Les mystères les mieux connus sont ceux d'Éleusis, d'Isis, de Cybèle et de Mithra.) Cuisine Crème glacée au café, au chocolat ou à la vanille, enrobée de meringue. (Nom déposé.) Littérature Genre dramatique de la fin du Moyen Âge et du XVIe s. Théologie Sacrement du baptême et de l'eucharistie. Vérité inaccessible à l'intelligence humaine, mais dont le contenu ne peut être saisi que par la révélation divine. ● mystère (citations) nom masculin (latin mysterium, du grec mustêrion, de mustês, initié) Félix Arvers Paris 1806-Paris 1850 Mon âme a son secret, ma vie a son mystère. Mes heures perdues Joseph Autran Marseille 1813-Marseille 1877 Académie française, 1868 Laissons ses secrets à l'amour Et ses mystères à la femme ! Les Poèmes de la mer Michel Lévy Maurice Blanchot Quain, Saône-et-Loire, 1907 La banalité est faite d'un mystère qui n'a pas jugé utile de se dénoncer. Faux Pas Gallimard Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 De la foi des chrétiens les mystères terribles D'ornements égayés ne sont pas susceptibles. L'Art poétique Malcolm de Chazal Vacoas 1902-Port-Louis 1981 L'homme est prêt à croire à tout, pourvu qu'on le lui dise avec mystère. Qui veut être cru, doit parler bas. Sens plastique Gallimard Émile Michel Cioran Răşinari, près de Sibiu, 1911-Paris 1995 Tout problème profane un mystère ; à son tour, le problème est profané par sa solution. Syllogismes de l'amertume Gallimard Jean Cocteau Maisons-Laffitte 1889-Milly-la-Forêt 1963 Académie française, 1955 Puisque ces mystères me dépassent, feignons d'en être l'organisateur. Les Mariés de la tour Eiffel Gallimard Jean Cocteau Maisons-Laffitte 1889-Milly-la-Forêt 1963 Académie française, 1955 Le mystère est une position trop favorable pour qu'un esprit bien élevé s'y maintienne. Le Rappel à l'ordre Stock Benjamin Constant de Rebecque Lausanne 1767-Paris 1830 La mort, mystère inexplicable, dont une expérience journalière paraît n'avoir pas encore convaincu les hommes […]. Adolphe René Daumal Boulzicourt, Ardennes, 1908-Paris 1944 Chaque fois que l'aube paraît, le mystère est là tout entier. Poésie noire et poésie blanche Gallimard Jean Giono Manosque 1895-Manosque 1970 Quand les mystères sont très malins, ils se cachent dans la lumière. Ennemonde Gallimard Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 La vie est un mystère, et non pas un délire. Nouvelles Méditations, À M. de Musset Jean Paulhan Nîmes 1884-Neuilly-sur-Seine 1968 Académie française, 1963 Il est bien vrai que les gens gagnent à être connus. Ils y gagnent en mystère. Entretien sur des faits divers Gallimard Romain Rolland Clamecy 1866-Vézelay 1944 Il faut être très poli avec les puissances mystérieuses. Correspondance, Lettre à Cosette Padoux, 1908 Albin Michel Jules Roy Rovigo, aujourd'hui Bougara, Algérie, 1907-Vézelay 2000 Pourquoi compliquer de mystère ce qui n'est que la vie ? La Bataille dans la rizière Gallimard Bible Les eaux dérobées sont douces et savoureux le pain du mystère. Ancien Testament, Livre des Proverbes IX, 17 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Albert Einstein Ulm 1879-Princeton 1955 La plus belle chose que nous puissions éprouver, c'est le mystère des choses. Das Schönste, was wir erleben können, ist das Geheimnisvolle. Comment je vois le monde Federico García Lorca Fuente Vaqueros 1898-Víznar 1936 Toutes les choses ont leur mystère, et la poésie, c'est le mystère de toutes les choses. Todas las cosas tienen su misterio, y la poesía es el misterio que tienen todas las cosas. Al habla con F. García Lorca, 1936 Friedrich, baron von Hardenberg, dit Novalis Wiederstedt, près de Hettstedt, Saxe, 1772-Weissenfels 1801 Tout mystère vrai exclut de lui-même les profanes. Quiconque le comprend est de lui-même, et à bon droit, initié. Jedes wahre Geheimnis muß die Profanen von selbst ausschließen. Wer es versteht, ist von selbst, mit Recht, Eingeweihter. Foi et amour mystère (expressions) nom masculin (latin mysterium, du grec mustêrion, de mustês, initié) Faire (un) mystère de quelque chose, ne rien en dire. Mystère et boule de gomme !, on n'en sait rien du tout. N'avoir plus de mystère pour quelqu'un, lui être compréhensible, lui être accessible. Ne pas faire mystère de quelque chose, ne pas s'en cacher, le reconnaître ouvertement. ● mystère (synonymes) nom masculin (latin mysterium, du grec mustêrion, de mustês, initié) Événement inexplicable, aventure énigmatique
Synonymes :
- énigme
Chose inconnue ou qui n'est accessible qu'à des initiés
Synonymes :
- arcanes
- coulisses
Contraires :
- évidence
Silence, obscurité volontaire faits sur quelqu'un, en particulier sur sa...
Synonymes :
Précaution prise pour cacher quelque chose
Synonymes :
- cachotterie (familier)
- réticence

mystère
n. m.
rI./r
d1./d ANTIQ Doctrine religieuse qui n'était révélée qu'aux seuls initiés.
(Plur.) Cérémonies du culte qui se rapportaient à ces doctrines. Les mystères grecs d'éleusis.
d2./d THEOL Dogme révélé du christianisme, inaccessible à la raison. Le mystère de la Trinité.
d3./d Ce qui n'est pas accessible à la connaissance humaine. Les mystères de la nature, du coeur humain.
d4./d Ce qui est inconnu, incompréhensible (mais virtuellement connaissable). Cette disparition reste un mystère pour la police. Percer un mystère.
d5./d Ce qui est tenu secret. Les mystères de la politique.
|| Ensemble des précautions dont on s'entoure pour tenir une chose secrète (souvent sans raisons sérieuses). Expliquez-nous, au lieu de faire des mystères! Il y est allé et n'en fait pas mystère, et ne s'en cache pas.
rII./r LITTER Drame religieux qui se jouait au Moyen âge sur le parvis des églises. "Le Mystère de la Passion", d'Arnoul Gréban (1452).

⇒MYSTÈRE, subst. masc.
I. A. ANTIQ. RELIG., au plur. Enseignements secrets expliqués aux seuls initiés; p. ext. rites liés au culte de certaines divinités. Mystères d'Isis et d'Osiris, de Déméter, de Dionysos, de Samothrace; mystères orphiques, pythagoriciens; révéler les mystères aux initiés. Virgile (...) était initié aux mystères, dans lesquels se conservait, depuis tant de siècles, le sens du polythéisme et de l'ancienne théologie. Il s'était fait de coeur disciple de l'école de Pythagore et de Platon (P. LEROUX, Humanité, 1840, p.303). Julien était un fervent de Mithra, dont il célébrait les mystères dans son palais de Constantinople (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.513). Dans la multitude des Mystères qui se proposaient à la conscience religieuse des Anciens, les Mystères d'Éleusis prirent de bonne heure un rang privilégié (V. MAGNIEN, Les Mystères d'Éleusis, Paris, Payot, 1929, p.20):
1. Dans leur aspect religieux, les schèmes archétypiques d'initiation, connus sous le nom de «mystères» depuis des temps reculés, figurent dans la trame de tous les rites religieux exigeant des cérémonies particulières au moment de la naissance, du mariage et de la mort.
C.-G. JUNG, L'Homme et ses symboles, Paris, R. Laffont, 1964, p.131.
Grands Mystères, petits Mystères. [Souvent avec une majuscule] Cérémonies religieuses qui initiaient les mystes et rendaient un culte à la divinité. Le 8 des calendes d'avril ou le 25 de mars (...) on (...) célébrait les grands Mysteres qui rappelaient le triomphe que le soleil, à cette époque, remportait tous les ans sur les longues nuits d'hiver (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p.334). Les Athéniens célèbrent (...) les petits Mystères lorsque le Soleil est dans le Bélier, et les grands Mystères quand il est dans les Pinces [le Cancer] (V. MAGNIEN, Les Mystères d'Éleusis, Paris, Payot, 1929p.132).
Religions à mystères. Religions d'origine grecque ou orientale qui s'enracinent, selon les historiens modernes, dans les vieux cultes de la fécondité (d'apr. Encyclop. univ., t.11, 1971, p.519). Aussi bien, la règle fondamentale des anciennes religions à mystères, qui ont fleuri dans le monde méditerranéen, était-elle le silence: les initiés l'ont bien gardé (Encyclop. univ., t.11, 1971, p.519).
B. RELIG. CHRÉT. Dogme révélé comme objet de foi, et qui ne peut être expliqué par la raison. Les mysteres de la religion chrétienne ont pour objet la lumiere, comme ceux des Perses ou de Mithra (DUPUIS, Orig. cultes, 1796p.410). On dégrade les mystères de la foi en en faisant un objet d'affirmation ou de négation, alors qu'ils doivent être un objet de contemplation (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p.131).
Mystère de l'Incarnation, de la Rédemption, de la Trinité, mystère pascal.
Mystère d'iniquité. [P. réf. à la Bible, 2 Thess. 2. 7] ,,Action de Satan dans le monde, qui s'oppose au dessein de Dieu et culminera dans la manifestation de l'Antéchrist`` (Foi t.1 1968). Quel est ce mystère d'iniquité? Je veux le connaître; quelqu'un est au fond de cette tour (LA MARTELIÈRE, Robert, 1793, V, 4, p.61).
THÉOL. CATH.
Mystère de l'Eucharistie. Mystères du rosaire.
[Par confusion entre ministerium «office» et le sens étymol. de mystère]
Les mystères sacrés. Les cérémonies du culte. Les saints, les sacrés mystères. Le sacrifice de la messe. Monseigneur Charlot y est venu lui-même célébrer les saints mystères (A. FRANCE, Anneau améth., 1899, p.47).
THÉÂTRE. Au Moyen Âge, genre dramatique qui mettait en scène des sujets religieux tels que la Nativité, la Passion, la Résurrection, des scènes tirées des deux Testaments ou de la vie des Saints (v. miracle, diablerie). Composer, jouer un mystère. On avait dressé, tout le long de la rue de la Calandre, un grand échafaud où l'on représentait le mystère de la Passion (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.323). Les Miracles et les Mystères se donnaient en plein jour dans les églises, dans les cours des palais de justice, aux carrefours des villes, dans les cimetières (CHATEAUBR., Litt. angl., t.1, 1836, p.81):
2. ... il ne nous reste (...) rien de la musique des mystères, ces curieuses manifestations d'un art théâtral naïf, qui tirait ses sujets des livres saints, Bible ou Évangile, et dont les représentations avaient lieu en plein air, dans un décor naturel...
LAVIGNAC, Mus. et musiciens, 1895, p.458.
II. P. anal.
A. —Ce qui ne peut être expliqué par l'esprit humain dans la nature, ou dans les destinées humaines; ce qui est inconnaissable. Ces mystères qui n'ont probablement leur explication que dans d'autres mondes et dont le pressentiment est ce qui nous émeut le plus dans la vie et dans l'art (PROUST, Temps retr., 1922, p.1032). En conclusion, le progrès scientifique laisse intact le mystère de la liaison. Cela revient à dire (...) que nous ne comprenons jamais le tout de rien, puisque les liaisons sont partout (RUYER, La Conscience et le corps, Paris, Alcan, 1937, p.35). Qu'est-ce qu'un mystère, sinon un secret qui ne peut pas être résolu? Qu'est-ce qu'un mystère, sinon le problème en tout problème? (JANKÉL., Le Mal, Paris, Arthaud, 1948, p.47):
3. Le mystère s'impose comme une chose inéluctable en même temps qu'insondable et dont on comprend qu'on ne la comprend pas et pourquoi. Vous en avez un exemple perpétuellement à la portée de votre intelligence: vous-même. Vous ne pouvez nier que vous êtes, ni en douter, ni regarder en face celui qui se tient derrière votre face.
LANZA DEL VASTO, La Trinité spirituelle, Paris, Denoël, 1971, p.12.
SYNT. Mystère de l'âme, de l'art, de l'au-delà, de la destinée, de la mort, de l'univers; mystère impénétrable, inaccessible, incompréhensible, ineffable, inexplicable; grand, profond mystère.
Mystère féminin. Mystère propre à la personnalité de la femme (v. intuition féminine). Je ne le crois pas très sensible au «mystère féminin!», pour parler comme vos romans (ARLAND, Ordre, 1929, p.243).
Expressions
C'est un mystère! Mystère! [En guise de réponse à une question] Il n'y a pas d'explication. Pourquoi était-il là? Mystère (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p.333).
Le mystère des mystères. Ce qui est tout à fait incompréhensible. Toute consolation dans le malheur éloigne de l'amour et de la vérité. C'est là le mystère des mystères (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p.112).
Mystère et boule de gomme (fam.).
PHILOS. [Chez G. Marcel] Mystère et problème. Je me trouve en présence d'un mystère, c'est-à-dire, d'une réalité dont les racines plongent au delà de ce qui est à proprement parler problématique (G. MARCEL, Position et approches concrètes du mystère ontologique, Louvain/Paris, éd. Nauwelaerts, 1967, p.61).
B. —Ce qui est difficile à comprendre, à expliquer, mais qui n'est pas absolument impénétrable. Mystère du cerveau, de la mémoire. Ce qui demeurait toujours un mystère pour lui, (...) c'était ce vol des trente mille francs et ce portefeuille retrouvé dans la poche du paletot (PONSON DU TERR., Rocambole, t.1, 1859, p.518). Paracelse (...) connaissait les mystères maintenant oubliés du sang, les effets médicaux encore inconnus de la lumière (HUYSMANS, Là-bas, t.2, 1891, p.230). Le mystère de l'uranium faisait d'ailleurs à cette époque des victimes inattendues. Quelques centaines de kilos d'uranium métal avaient disparu à la fin de la guerre des laboratoires allemands (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p.80):
4. ... rien n'était venu m'apprendre comment l'assassin avait pu sortir de la chambre jaune; et, tant que ce mystère qui me paraissait inexplicable ne me serait pas expliqué, j'estimais, moi, qu'il était du devoir de tous de ne soupçonner personne.
G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p.25.
SYNT. Mystère d'une affaire, d'un crime, d'une intrigue; le mystère d'une écriture hiéroglyphique, des sources du Nil; mystère archéologique, politique; dédale, tissu de mystères; horrible, prodigieux, sombre, ténébreux, troublant mystère; débrouiller, découvrir, démêler, éclaircir, pénétrer, percer, résoudre un mystère.
Bureau des mystères (arg.). ,,Service des recherches dans l'intérêt des familles`` (SANDRY, CARRÈRE, Dict. arg. mod., 1953, p.172).
Clef du mystère. Éclaircissement du mystère. — Le hasard nous donnera peut-être la clef de ce mystère! — Le hasard! Spilett! Je ne crois guère au hasard (VERNE, Île myst., 1874, p.389).
Maître, prince du mystère. Celui qui détient la solution de l'énigme, policière ou autre. Ainsi s'exprime, par la bouche de ses personnages, le maître de l'horrible, le prince du mystère (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p.373).
Mystère sur mystère. Difficultés qui s'ajoutent les unes aux autres pour comprendre quelque chose. On apprit bientôt que Manon-La-Blonde était amoureuse folle d'un jeune homme qu'on ne voyait guère, car il passait pour être sourd à toutes les preuves d'amour de la blonde Manon. Mystère sur mystère (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p.559).
Voilà tout le mystère. P. iron. Voilà toute l'explication et qui en fait est assez simple. Cet élancement des eaux venait des moulins qu'ils construisent sur les courants aboutissant au Gave: quand la bonde en est fermée, les eaux s'élèvent en jaillissant; voilà tout le mystère (DUSAULX, Voy. Barège, t.2, 1796, p.8).
C. —Ensemble de précautions prises pour cacher quelque chose sur quoi on veut que le secret soit gardé. Cacher, deviner, pressentir, révéler un mystère; s'envelopper, s'entourer de mystère; vivre dans le mystère. Je sortirai par le jardin. Ce mystère était un piment qu'elle ajoutait à son escapade; simple raffinement de jouissance, car elle serait sortie à minuit par la grande porte, que son mari n'aurait pas seulement mis la tête à la fenêtre (ZOLA, Curée, 1872, p.442). Tout le mystère immédiat de ses rentrées tardives, de ses cachotteries, de ses mensonges (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.502):
5. Avec cela, une force de volonté, de caractère, une puissance de mystère, à laquelle rien ne peut être comparé; un secret, tous ses secrets renforcés, cachés, sans une échappade à nos yeux (...) un mystère continué jusqu'à la mort et qu'elle devait croire enterré avec elle, tant elle l'avait bien enfoui en elle!
GONCOURT, Journal, 1862, p.1121.
Mystère du confessionnal. Secret qui s'y adjoint. Secrets infâmes chuchotés dans le mystère des confessionnaux (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Champ d'oliv., 1890, p.96).
Mystère de polichinelle. Synon. usuel secret de polichinelle. Faux secret, que tout le monde connaît. Quel est donc ce mystère de polichinelle que recouvre le masque de l'escamoteur? (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p.15).
Avec mystère. En secret. Au point du jour, on me fit descendre avec mon fils dans un bateau; nous fûmes débarqués avec mystère (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.530). Avec un air de mystère. Avec l'air de cacher quelque chose. Vers la fin du repas, Jacques Thiriet, qui était sorti avec un air de mystère, rapporta triomphalement de la cave une bouteille de vin vieux (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p.184).
En grand mystère. En grand secret. Recevoir qqn en grand mystère. Bohémond (...) vint les prévenir en grand mystère d'un prétendu complot ourdi contre eux parmi les Francs (GROUSSET, Croisades, 1939, p.33).
Faire mystère de qqc. Cacher quelque chose avec soin. Faire mystère de son âge. À la table de l'hôtel où il était descendu, il ne fit point mystère de ses projets et de son dévouement (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.30). P. iron. Faire des mystères (de tout), (en) faire (tout) un mystère (de qqc.). Refuser de parler clairement de quelque chose, qui n'est pas réellement mystérieux.
Ce n'est un mystère pour personne que... Tout le monde le sait. Ce n'est un mystère pour personne au collège que je m'intéresse à vous (MONTHERL., Ville dont prince, 1951, I, 1, p.854).
Il est tout cousu de petits mystères, il est tout mystère (de la tête aux pieds) (Ac. 1835, 1878). Il cache tout avec soin. Si les soupçons ne planaient que sur deux ou trois de ses intimes, nous saurions quel est son cavalier servant; mais c'est une femme tout mystère (BALZAC, Mme Firmiani, 1832, p.360).
D. ART CULIN. Dessert glacé enrobé de meringue, d'amandes et de noisettes pilées. (Ds ROB. Suppl. 1970, Lexis 1975). Mystère au café, au chocolat, à la vanille; recette du mystère flambé au grand Marnier.
E. P. anal. (avec I A)
1. Au plur. Connaissances qui ne sont pas expliquées aux profanes. Les mystères de l'occultisme, de la politique, du spiritisme, de la vie parisienne, de la vie privée. Tant de finasseries ne nous plaisaient qu'à demi; mais, respectueux des mystères de la diplomatie, nous finissions par convenir que certaine dissimulation était peut-être légitime (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.133).
Mystères de qqc. Voilà bien la femme Qu'il vous faut, elle vous initiera très-gracieusement aux mystères de l'élégance (BALZAC, Secrets Cadignan, 1939, p.322). Une danseuse à qui elle croyait du génie (...) devait l'initier aux mystères de la chorégraphie russe (PROUST, Sodome, 1922, p.687). Initier qqn aux mystères de la vie. Informer quelqu'un de ce qu'est la génération, la naissance. Peut-être (...) se servit-il de Godeschal pour initier le pauvre enfant aux mystères de la vie (BALZAC, Début vie, 1842, p.439).
2. Caractère indéfinissable, ineffable d'une personne. Mystère de l'âme, du coeur, d'une personne. Le mystère est en moi comme couve une flamme Dans un tas de sarments (MORÉAS, Stances, 1901, p.144):
6. On est quelquefois intrigué et, oui, presque irrité par le mystère des êtres que l'on côtoie ainsi dans la vie sans jamais pouvoir les connaître.
GREEN, Journal, 1939, p.213.
3. Ce qui donne l'impression du mystérieux, c'est-à-dire ce qui, par son aspect inattendu, menaçant, étrange, irréel ou fantastique exerce un attrait, une répulsion ou un charme.
a) [À propos d'un élément de l'espace ou du temps] Mystère du crépuscule, de la forêt, de la nuit, du soir. Le mystère d'une vallée parfaite et profonde que tapissait le clair de lune (PROUST, Temps retr., 1922, p.693):
7. Ces souterrains étaient la clef d'un monde de ténèbres, de terreurs, de mystères, un immense abîme creusé sous nos pieds, fermé de portes de fer, et dont l'exploration était aussi périlleuse que la descente aux enfers d'Énée ou du Dante.
SAND, Hist. vie, t.3, 1855, p.105.
L'heure du mystère. Le crépuscule. Et peut-être le soir, à l'heure du mystère, Quelque jeune beauté me donnera des pleurs (BAOUR-LORMIAN, Ossian, 1827, p.217).
b) [À propos d'une métamorphose de la réalité par le songe, la création artistique] Mystère du clair-obscur, du rêve; mystère poétique. Quel frisson dans toute la chair! Le mystère est là entre deux vers, sans qu'on l'ait vu venir (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p.344). Qui n'a pas tenu sous ses doigts le mystère des six dièses de la Ballade en fa dièse (...), celui-là ne peut comprendre Gabriel Fauré (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p.88):
8. Et comme l'art recompose e.actement la vie, autour des vérités qu'on a atteintes en soi-même flottera toujours une atmosphère de poésie, la douceur d'un mystère qui n'est que le vestige de la pénombre que nous avons dû traverser, l'indication, marquée exactement comme par un altimètre, de la profondeur d'une oeuvre.
PROUST, Temps retr., 1922, p.898.
REM. 1. Mystériarque, subst. masc. Mystagogue qui préside aux cérémonies des mystères. Il se nomme «l'initié d'Hermès, le mystériarque des antiques croyances» (BLOY, Journal, 1903, p.198). 2. Mystérique, adj. Relatif au(x) mystère(s). a) Antiq. L'exégèse retrouve dans le Nouveau Testament, non seulement l'écho direct de la vieille bible (...) mais encore l'influence des cultes mystériques, des croyances orphiques, des conceptions gnostiques, voire de la morale stoïcienne ou de la sagesse populaire (Philos., Relig., 1957, pp.38-11). b) Auj. Dom Odon Casel (...) a défendu toute sa vie la conception «mystérique» du culte chrétien. En réaction contre le rationalisme théologique, dom Casel s'est fait l'apôtre du «retour au mystère» (...) comme une réalité vécue au sein de la communauté ecclésiale et de sa liturgie (Encyclop. univ. t.11 1971, p.520).
Prononc. et Orth.: []. Ac. 1694 et 1718: -stere; dep. 1740: -stère. Étymol. et Hist. A. 1. 1174-84 «caractère profond (de quelque chose), vertu inhérente (à quelque chose)» (GAUTIER D'ARRAS, Ille et Galeron, 1537 ds T.-L.); 2. ca 1240 «secret (dans le domaine de la religion chrétienne)» (GUILLAUME LE CLERC, Joies N.D., 210, ibid.); 3. 1452 «ce qu'il y a d'inexplicable pour la raison humaine» (ARNOUL GREBAN, Mist. de la passion, éd. O. Jodogne, 2109); 4. 1643 «chose obscure, secrète, réservée à des initiés» (ROTROU, Bélisaire, IV, 4); 5. 1656-57 «soin que l'on prend pour dissimuler quelque chose» (PASCAL, Provinciales, éd. Brunschvicg, I, IV, p.131). B. 1. XIIIe s. le saint mystère «sacrifice de la messe» (Du Chevalier qui ooit la messe ds Fabliaux et Contes, éd. Barbazan, t.1, 82); 1694 les saints mystères (Ac.); 2. XVe s. «rite secret du polythéisme antique» (Chron. et hist. saint et prof., Ars. 3515, f° 25 v° ds GDF. Compl.); 3. a) XIIIe s. «service, office» (Bible, ms. B.N. fr. 398 ds S. BERGER, Recherches sur les bibles prov. et catalanes ds Romania t.19, p.517); b) av. 1453 «cérémonie, en particulier ici, festin d'apparat» (MONSTRELET, Chron., éd. L. Douët d'Arcq, t.2, p.72); 4. 1402 «représentation dramatique d'inspiration religieuse» (Lettre de Charles VI aux confrères de la passion ds PETIT DE JULLEVILLE, Les Mystères, t.1, 192); 5. 1551 faire mystère de «attribuer de l'importance à» (ANEAU, Quintil, p.171 ds HUG.); 1672 «forme, difficulté que l'on apporte à quelque chose» (MOLIÈRE, Femmes savantes, II, 9). C. 1. 1965 aviat. (QUILLET); 2. 1970 art culin. (ROB. Suppl.). Empr. au lat. mysterium «mystères, cérémonies secrètes en l'honneur d'une divinité et accessibles seulement à des initiés», «mystère, chose tenue secrète», les sens B 3 et 4 viennent du sens de «service, office, cérémonie» pris en lat. médiév. par mysterium (v. BLAISE Lat. chrét.), par confusion avec ministerium (v. ministère). Fréq. abs. littér.: 6482. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 209, b) 7938; XXe s.: a) 10757, b) 8985. Bbg. Europäische Schlüsselwörter. Bonn-München, 1964, t.2, p.78. — WOLFF (E.). Die Terminologie des Mittelalterlichen Dramas in Bedeutungsgeschichtlicher Sicht. Anglia. 1960, n°78, pp.14-18.

mystère [mistɛʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1167, mistere « manière intime de penser »; lat. mysterium, grec mustêrion, de mustês « initié ». → Métier.
———
I Didact. Rite, culte, savoir réservé à des initiés.
1 (XIIIe). Antiq. Rite, culte religieux secret, auquel n'étaient admis que des initiés. Ésotérique, ésotérisme (→ Gnosticisme, cit.; hiérophante, cit. 1 et 3). || Les mystères coexistaient généralement avec un culte public. || Religions à mystères. || La formule (cit. 1) des mystères. || Admission aux mystères. Initiation (cit. 1), initier (cit. 1 et 9); mystagogie, mystagogue. || Étranger aux mystères ( Profane). || Mystères grecs (orphiques, d'Éleusis). || Mystères orientaux (d'Attis, d'Isis, de Cybèle, mithriaques…). || Célébrer un mystère. || La Franc-Maçonnerie (cit. 3) a hérité des rites et des symboles des anciens mystères.
1 Les cultes de Dionysos et d'Orphée, celui de Déméter et Koré à Éleusis (…) étaient devenus, dans leur fond, des Mystères, c'est-à-dire qu'ils prétendaient initier à un secret divin, révélation et garantie d'une vie future bienheureuse, et à une méthode pour s'en assurer les bénéfices.
Ch. Guignebert, le Christ, p. 179.
1.1 Les cultes d'orgie et d'extase dont la promotion entraîne la résurrection des divinités de la terre, retrouvent le sacré pré-olympien : un sacré privé de l'architecture spirituelle de l'Orient, mais non de son sentiment du tout-autre. L'homme y participe par sa dépossession. L'admiration ne joue pas dans les mystères de Dionysos le rôle qu'elle jouait dans le culte d'Apollon. Et les dieux à mystères, les plus purs comme les plus impurs, susciteraient sans doute des images parentes de celles que vont connaître les Parthes et l'Inde — si leurs cultes pénétraient la société grecque comme le christianisme pénétrera la société romaine.
Malraux, la Métamorphose des dieux, p. 89-90.
Par ext. Culte religieux (sens du lat. ministerium).
2 (…) il ne serait pas difficile de (…) faire voir que la comédie, chez les anciens, a pris son origine de la religion, et faisait partie de leurs mystères (…)
Molière, Tartuffe, Préface.
2 Didact. Sens occulte, caché sous un symbole.
3 Toutes choses couvrent quelque mystère; toutes choses sont des voiles qui couvrent Dieu.
Pascal, Lettre à Mlle de Roannes, oct. 1656.
Allégorie, symbole. || Les mystères de la Cabale.
3 (XIIe). Relig. chrét., et cour. Dogme révélé ( Révélation), inaccessible à la raison (→ Authenticité, cit. 8; infailliblement, cit. 2). || Le mystère de la Trinité (→ Coexistence, cit. 1), de l'Émanation, de l'Incarnation (cit. 5), de la Rédemption, de la Résurrection (mystère pascal). || Le catéchisme contient les mystères de la foi. || Élévation sur les mystères, ouvrage de Bossuet.
4 (…) je juge ainsi, qu'à une chose si divine et si hautaine, et surpassant de si loin l'humaine intelligence, comme est cette vérité de laquelle il a plu à la bonté de Dieu (de) nous éclairer, il est bien besoin qu'il nous prête encore son secours (…) pour la pouvoir concevoir et loger en nous (…) C'est la foi seule qui embrasse vivement et certainement les hauts mystères de notre Religion.
Montaigne, Essais, II, XII.
Théol. cathol. Le dessein conçu par Dieu de sauver l'homme, d'abord caché, puis révélé en la personne du Christ; les sacrements, considérés en tant que signes de ce dessein. || Le Mystère de Jésus (Pascal, Pensées, 553). || Le mystère de l'Eucharistie.Hist. relig. || Le mystère paulinien.
5 Dans les Synoptiques, le mystère (…) c'est l'avènement du Royaume ou du règne de Dieu (…) Alors, le mystère, c'est le fait d'une réalisation de l'espérance d'Israël dans des formes et selon des modalités qu'Israël n'attendait ni ne savait (…) Chez Paul (…) la matière du mystère s'est transposée et elle intéresse le salut personnel beaucoup plus que le Royaume.
Ch. Guignebert, le Christ, p. 356.
(1683). Par ext. et par confusion entre ministerium « office » et le sens étymologique de mystère : « cérémonie… (où) il ne faut pas qu'un profane, qu'un excommunié participe » (Furetière). || Les saints mystères, les mystères sacrés. Culte, liturgie, messe.
Par plais. (vx). Cérémonie profane.
6 J'ai regret de troubler un mystère joyeux (les fiançailles d'Henriette).
Molière, les Femmes savantes, V, 4.
———
II Cour. Chose cachée, secrète.
1 (1561). Ce qui est (ou est cru) inaccessible à la raison humaine. || Un mystère impénétrable (cit. 15 et 16), inaccessible, inconcevable, inexplicable (cit. 3), insondable. || Profond, étrange mystère. Profondeur (→ Éternité, cit. 6). || Le mystère de l'Être, de la conscience. || Le mystère des choses (→ Irrévérencieux, cit. 1), de la matière, de la nature, de la vie (→ Exprimer, cit. 28; fécondation, cit. 5). || Les mystères de l'âme (cit. 17), de l'amour… || « Agent aveugle et sourd de mystères funèbres » (→ Force, cit. 65, Hugo).Acceptation, attrait (cit. 15), effroi, terreur du mystère (→ Attraction, cit. 14).Par métaphore. || Les ombres, les voiles, la nuit du mystère (→ Côté, cit. 15). || Les portes du mystère (→ Curiosité, cit. 11).
(1541). Caractère de ce qui est incompréhensible pour l'homme, et, spécialt, lui inspire un respect religieux (→ Forêt, cit. 4). || Lieux baignés de mystère (→ Esprit, cit. 4, Barrès). || Un infini (cit. 27) de mystère et de silence.
7 Partout l'homme subit la terreur du mystère,
Et ne regarde en haut qu'avec un œil tremblant.
Baudelaire, les Nouvelles Fleurs du mal, X.
8 Je vais dévoiler tous les mystères : mystères religieux ou naturels, mort, naissance, avenir, passé, cosmogonie, néant. Je suis maître en fantasmagories.
Rimbaud, Une saison en enfer, Nuit de l'enfer.
9 Si je l'écoute, si je le plains, si je prends au sérieux son aventure, il croira revenir d'un pays de mystère, et c'est du mystère seul que l'on a peur.
Saint-Exupéry, Vol de nuit, XI.
2 (1643). Ce qui est inconnu, caché (mais qui peut être connu d'une ou de plusieurs personnes). Secret. || Un mystère ignoré (cit. 46) de la foule. || Lever (1. Lever, cit. 12) les voiles d'un mystère. || Cela cache, couvre un mystère. || Il y a un mystère là-dessous. || Le mystère, les mystères de la vie privée, de l'alcôve. || Les mystères de la politique, de la science. Arcane(s).Ce n'est un mystère pour personne : c'est une chose qu'il est aisé de savoir, qui est de notoriété publique. → Intimité, cit. 7.
10 (…) je sais que cet ami sincère
Du secret de nos cœurs connaît tout le mystère.
Racine, Bérénice, II, 4.
11 Mon âme a son secret, ma vie a son mystère.
A.-F. Arvers, Mes heures perdues, « Sonnet ».
12 Ces bouviers des pays du soleil n'avaient point inventé la pudeur. Parmi eux, la femme, étant sans mystère, était sans danger.
France, le Livre de mon ami, Livre de Suzanne, III, II.
(1668). Chose étonnante, difficile à comprendre, à expliquer (→ Apparence, cit. 40). || C'est un mystère (→ Garder, cit. 48). || Comment s'en est-il sorti, c'est un mystère… || Cet homme est un mystère.
13 Ce vieillard muet fut un mystère pour le peintre, et resta constamment un mystère. Le chevalier, il était chevalier, ne parla pas, et personne ne lui parla. Était-ce un ami, un parent pauvre (…) ?
Balzac, la Bourse, Pl., t. I, p. 343.
Qu'a-t-il dit ?Mystère ! : je ne sais pas. — ☑ Loc. fam. Mystère et boule de gomme ! : je n'en sais strictement rien.
13.1 — Au fait, ça concerne quoi, ces fameuses recherches ?
Je l'observe à la dérobée, mine de rien. Martine ne sourcille pas. Elle fait un bruit disgracieux avec la bouche.
— Alors là, mystère et boule de gomme !
San-Antonio, le Secret de Polichinelle, p. 72.
Le mystère, ce qui a un caractère incompréhensible, très obscur; caractère de ce qui est obscur. Obscurité, secret. || Aimer le mystère. || Trouver du mystère à tout (→ Figure, cit. 27). || Cela n'a plus de mystère pour lui (→ Expression, cit. 35).
14 (…) Albert Savarus, déjà très remarquable, fit d'autant plus d'impression sur Rosalie, que sa manière d'être, sa démarche, son attitude, tout, jusqu'à son vêtement, avait ce je ne sais quoi qui ne s'explique que par le mot mystère !
Balzac, Albert Savarus, Pl., t. I, p. 772.
15 Elle a l'air de bannir le mystère comme si c'était un microbe (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 100.
3 (1657). Obscurité volontaire dont on entoure quelque chose; ensemble des précautions que l'on prend pour rendre incompréhensible, pour cacher… || S'envelopper, s'entourer de mystère (→ Emmailloter, cit. 6). || Jamais l'innocence et le mystère n'habitèrent longtemps ensemble (→ Évaporer, cit. 5). || Homme plein de mystère. Cachottier (fam.), discret, mystérieux (→ Anxieux, cit. 4). || Un air de mystère. || Chut ! Mystère ! Discrétion, silence.(En fonction d'attribut). || Il est tout mystère.
16 C'est de la tête aux pieds un homme tout mystère.
Molière, le Misanthrope, II, 4.
17 Le mystère dont on enveloppe ses desseins marque quelquefois plus de faiblesse que d'indiscrétion, et souvent nous fait plus de tort.
Vauvenargues, Maximes et réflexions, 352.
18 Quant au mystère dans lequel vous désirez que cet événement reste enseveli, soyez tranquille, Madame; sur tout ce qui intéresse Mlle de Volanges, je peux défier le cœur même d'une mère.
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXIV.
19 Il prit ici un air de grand mystère, agita l'index, et demanda à tous le secret d'une mimique évidente.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XX.
Loc. En grand mystère : dans le secret, en se cachant. Mystérieusement.
(1658). Loc. Faire (un) mystère, faire grand mystère de quelque chose, ne rien en dire.
a Vx. Faire grand étalage, faire toute une affaire de… || « Du nom de philosophe elle fait grand mystère » (Molière, les Femmes savantes, II, 9).
b Mod. Cacher, voiler (→ Gros, cit. 28).
20 Mais par quelle raison lui faire un mystère de votre amour ?
Molière, l'Avare, II, 1.
Spécialt. Cachotterie. || Allons, pas tant de mystères. Détour.
21 (…) il parlait rarement d'une façon tout à fait nette, ses réponses étaient équivoques; il faisait, à propos de tout, des cachotteries et des mystères (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, Le matin, II, p. 167.
4 Question difficile; problème ardu. Énigme. || Débrouiller (→ Induction, cit. 7), pénétrer, percer un mystère (→ Hypothèse, cit. 7). || Clé, solution du mystère (→ Insolubilité, cit.). || Mystère policier. || Le Mystère de la chambre jaune, roman de G. Leroux. || Le Mystère Frontenac, roman de F. Mauriac.
5 (XXe; marque déposée). Glace enrobée d'amandes pilées et fourrée de meringue.
6 (Nom propre). Avion de combat supersonique français appartenant à la série qui porte ce nom.
———
III Mystère ou Mistère. (Av. 1453, mystère; mistère, XVe; « office, service », XIIIe; par confusion avec ministerium).
Didact. (Hist. littér.). Au moyen âge, Genre théâtral qui mettait en scène des sujets religieux, à l'origine la Nativité et la Résurrection du Christ, puis la Passion, des scènes tirées des deux Testaments, des vies de saints ( Miracle; → Marionnette, cit. 2). || Le Mystère de la Passion, d'Arnoul Gréban. || Les tableaux d'un mystère. || Décor à mansions d'un mystère. || Mystère mettant en scène des diables. Diablerie.
REM. Le mot a été repris, dans un sens voisin, par Péguy, dans ses grands poèmes mystiques, généralement dialogués, Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc, Mystère des Saints Innocents.
22 On joua les Mystères, à l'entrée de Charles VI à Paris, l'an 1380. On croit communément que ces pièces étaient des turpitudes, des plaisanteries indécentes (…) Il n'y a pas un mot de tout cela dans les pièces des Mystères qui sont venus jusqu'à nous. Ces ouvrages étaient la plupart très graves (…) C'était la sainte Écriture en dialogues et en action; c'étaient des chœurs qui chantaient les louanges de Dieu.
Voltaire, Mélanges littéraires, Div. chang. arrivés à l'art tragique.
CONTR. Clarté, évidence. Connaissance.
DÉR. Mystérieux.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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  • mystère — (mi stè r ) s. m. 1°   Terme d antiquité. Culte secret dans le polythéisme, auquel on n était admis qu après des initiations successives. •   Plutarque dit qu il n y avait personne à Delphes ni dans ce pays qui ne fût initié aux mystères, FONT.… …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

  • MYSTÈRE — s. m. Secret Il se dit proprement en matière de religion, et signifie, Ce qu une religion a de plus caché. Toutes les religions ont leurs mystères. Les mystères de Cérès, d Éleusis, de la bonne déesse, d Isis et d Osiris. Être initié aux mystères …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 7eme edition (1835)

  • MYSTÈRE — n. m. Ce qu’une religion a de plus caché, ce qui n’est connu que des initiés. Toutes les religions ont leurs mystères. Les mystères d’éleusis, de Mithra, d’Isis et d’Osiris. être initié aux mystères. Les anciens punissaient sévèrement ceux qui… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)

  • Mystere — Dassault Mystère IV A …   Deutsch Wikipedia

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